jeudi 25 novembre 2010

Les surprises de la vie

Essayer de concevoir à la limite du 40 ans nécessite un travail d'ingénierie fort appréciable. On comprendra qu'à cet âge vénérable question conception, les ovules ne sont plus nécessairement de première fraîcheur, ce qui, malheureusement, augmente de manière considérable les ratés de la chose. À bien pratiquer, la chose n'est pas si difficile à voir se produire; à perdurer, elle peut le devenir.

Je me rappelle les paroles sages de mon amie qui me disait: "mille fois sur le métier tu remettras ton ouvrage." Rien ne pouvait être plus vrai.

Après avoir vécu quelques majeures déceptions quant au manque flagrant de colle de mon mini oeuf, je me proposai d'acheter le kit Mighty Putty brillamment vanté en infomercial. Si un gus peut risquer sa vie en se balançant dans le vide avec une voilure de parachute rapiécée de ce produit, pourquoi pas mon oeuf?

La problématique résultant de la difficulté à déposer ledit produit au bon moment doublée de la difficulté de manipulation me fit oublier définitivement l'idée farfelue. Je devais alors trouver une foi pop corn en la capacité de mon corps de réussir la chose.

Papa poule fort heureux de la pratique mensuelle ne pipait mot. Je ne doutais pas du tout de la semence de mon Starbuck personnel puisque nous avions réussi à plusieurs reprises. La chute de l'oeuf maléfique ne mettait en cause que mon utérus vieillissant. Je lui disais bien de cesser de prendre autant de café: ça me faisait du bien de l'inclure dans le processus. Comme si ça pouvait changer quelque chose.

J'ai bien fait les allées du Dollarama cent fois, à la recherche d'un produit miracle. Je finissais par en revenir, les sacs remplis de cochonneries dont l'utilisation me semblait douteuse: sac réfrigérant, tampons exfoliants supposés épiler la plus vive des moustaches, boule magique qui éclaire à la lancée...Rien cependant qui ne pouvait régler mon problème de rétention d'oeuf.

Angoissée à l'idée d'avoir un problème de tuyauterie féminine, j'ai même pris un rendez-vous afin de me la faire vérifier sous toutes ses coutures. L'idée de devoir alors me mettre les trompes en vedette a refroidi mes ardeurs.

Et puis, le miracle se produisit. Un mois, un oeuf colla et resta bien en place. Exit le Mighty Putty. Exit le Glow in the dark de la tuyauterie. J'avais un oeuf velcro qui persistait à s'incruster.

Nous avons tû la nouvelle même si elle me brûlait les lèvres. C'est poche en titi de le crier sur tous les toits pour ensuite devoir dire quand les gens avides de bonnes nouvelles te demande, puis ta grossesse? Euh...finie presqu'aussitôt que commencée. Ça faisait remonter un genre de goût de dinde farcie mal digérée. Tu fais l'erreur une fois ou deux puis ensuite, tu te tais. Le silence autant que dans une abbaye des frères trappistes.

Tout ceci, ce long détour pour finalement pouvoir annoncer haut et fort que le clan de la Taverne accueillera un nouveau membre au début de l'été 2011.

Un beau cadeau pour les 40 ans de l'Aubergiste. Papa poule recommence déjà tous ses scénarios prophétiques concernant une hypothétique fille adolescente qui fréquente un moron.

On couve l'oeuf magique à 325 et on lui prodige les meilleurs soins qu'il soit. Il est unique. Il est un miracle.

lundi 22 novembre 2010

La filiation


Je viens de terminer la lecture du splendide L'école des films de David Gilmour. Cet homme hors norme, qui a travaillé dans l'industrie de l'art de et de la culture toute sa vie, nous permet de partager en toute intimité quelques années de sa vie lorsqu'il permet à son grand ado, Jesse, de cesser d'aller se torturer sur les bancs d'école.

Ce père aimant ne lui impose que deux règles à suivre: pas de drogue et un partage de plusieurs grands films de l'histoire du cinéma, deux ou trois fois par semaine en compagnie de son vieux.

Alors, voguant entre Allen, Truffaut, Hitchcock et Eastwood, le monde du ciné-club de l'après-midi n'est souvent qu'un paravent pour raconter comment on gère un enfant de six pieds quatre pouces qui découvre l'amour, la passion et les premières dégringolades conséquentes à l'arrivée du sentiment amoureux. Et tout un paquet d'autres sujets propres à l'arrivée de la zone adulte.

On rit et on pleure avec ce duo. On espère un père tel que Gilmour, même si celui-ci se remet souvent en question suite à ses choix qu'il qualifie souvent de douteux.

À la fin, on est moins niaiseux question cinématographie et en plus, on a été témoins d'une telle relation père-fils qu'on en est presque jaloux.

À mettre dans le bas de Noël de tous les bibliophiles. Un beau et touchant coup de coeur.

dimanche 14 novembre 2010

Guérir

Lorsque j'attendais la venue de mon premier fils qui était dûe en décembre 2007, j'avais acheté un tout petit ensemble appelé nid d'ange pour sa sortie de l'hôpital et les premières semaines enneigées qui s'ensuivraient.

Il m'arrivait de le sortir de la housse dans laquelle il attendait patiemment pour le humer, mettre mon nez dedans en imaginant ce que ce serait d'avoir enfin, mon premier enfant niché à l'intérieur, avec seulement un petit bout de visage rose qui en émergerait.

Lorsque le destin en décida autrement, le nid d'ange, qui portait dorénavant bien son nom mais auquel manquait l'ange en question fut remisé, comme une relique, dans sa housse dans le fond d'un placard. Lorsque je le regardais, montaient en moi toutes ces émotions incompréhensibles. Je me disais que jamais, de toute ma vie, je ne pourrais m'en débarrasser. Que je le garderais toujours en souvenir. Il représentait un pont entre mon fils et moi, un souvenir presqu'aussi important que tous les autres petits objets qui l'avaient touché lors de sa très courte visite parmi nous.

Et puis, dernièrement, l'envie m'est venue d'offrir de le prêter à une de mes copines qui attend un petit garçon en février. Un besoin presque vital qu'elle l'accepte même si pour le moment, elle ne sait pas ce que j'aie derrière la tête. Je ne le sais peut-être pas moi-même mais j'ai envie qu'il y ait de la vie dedans. J'ai envie qu'un beau minois rose s'y niche quelques semaines.

J'espère qu'elle acceptera.

Il faut parfois laisser aller. Ça doit être celà qu'on appelle guérir.