En cette Semaine mondiale de l'allaitement, il m'était impossible de ne pas en discuter un peu.
Oui, j'allaite Laszlo depuis presque sept mois. Et j'en suis fière. Comme pas possible. C'était quelque chose que je voulais plus ou moins effectuer, avec en tête, si ça ne marche pas je ne m'obstinerai pas...
Et bien ça n'a pas vraiment marché et je me suis obstinée. Comme jamais je n'avais réussi à le faire dans ma vie. Tout était propice à ce que j'abandonne. Pas de lait à l'hôpital, pas vraiment de soutien lorsque j'ai débuté ce qui m'a causé de vilaines blessures. Ensuite, douleur atroce lors de la mise au sein et pour la finale, déshydratation totale de mon bébé ayant pour conséquence qu'il dut avoir un petit cathéter dans la main à deux jours de vie avec dose massive d'antibiotique. Je pleurais à chaque mise au sein et je me suis mise tellement de pression que je ne considérais aucunement l'option bouteille. Jusqu'à ce que je me dise qu'il n'était pas question que mon fils souffre de la faim parce que j'étais une foutue conne qui avait peur de la pression sociale et du jugement d'autrui.
Et les 3 derniers jours où je fus à l'hôpital, je ne voulais plus tenter l'allaitement. J'avais peur. La grosse chienne. Ça faisait mal! Et je me sentais si incompétente. Pourquoi partout ils disaient que c'était facile et que ça ne faisait pas mal?
L'infirmière avait apporté un tire-lait industriel et me disait de tirer mon lait, que ça m'aiderait. Il ne sortait rien. Et avec ce tire-lait qui tirait comme un boeuf devant une charrue, j'avais l'impression que même les méninges allaient me sortir par le bout du sein. Mais pas de lait. Y'avait rien.
J'ai eu ma montée de lait au 4ème jour. J'ai réussi à me tirer environ l'équivalent d'un bon crachat. J'étais si fière que je l'ai mis dans un petit gobelet et lorsque l'infirmière est venue me voir, je lui ai montré en faisant Talam! Elle semblait n'en avoir rien à foutre et surtout, ne semblait pas impressionnée par mon 3 ml de liquide. Moi, j'étais si contente.
De retour à la maison, j'ai essayé encore et encore. Le bébé dormait tout le temps, je n'étais pas capable de le réveiller. Personne n'avait eu la merveilleuse idée de m'avertir que lorsqu'on a une césarienne, les anti-douleurs avec codéine assomment le bébé.
À chaque jour, j'essayais et je trouvais ça pénible, difficile. Je me disais, une journée de plus, tiens une journée de plus. Fais-le pour lui!
À chaque jour durant le premier mois j'ai failli lâcher.
Et tout à coup, ça s'est mis à mieux aller. La douleur a lâché, le lait est apparu en quantité démesurée. J'ai même commencé à aimer ça. C'est si pratique.
Si je choisis d'en parler aujourd'hui c'est que je veux que les gens sachent que ce n'est pas si facile que ça pour tout le monde l'allaitement. Ça peut être même carrément insupportable. Il faut arrêter de crier sur tous les toite et de faire miroiter que c'est si naturel, que ça se fait tout seul. Pour certaines oui. Quelles chanceuses! Si quelqu'un m'avait dit que tout allait se replacer, que oui, c'était difficile et que ça finissait souvent par devenir facile, je ne sais pas si je l'aurais cru mais j'aurais pris mon mal en patience et aurais peut-être moins pensé à abandonner jour après jour. Je ne l'ai pas fait, pas parce que je croyais que ça deviendrait facile, je l'ai fait parce que je croyais que c'était ce qu'il y avait de mieux pour mon fils même si je me voyais vivre le pire des calvaires pendant encore des jours, des semaines ou même des mois...
Je vous laisse avec une réflexion prise dans l'encart sur la Semaine mondiale de l'allaitement et qui provient du Dr Christiane Laberge, médecin de famille réputée.
"L'allaitement maternel ce devrait être le premier choix, et c'est le meilleur, pas de doute là-dessus. Mais c'est un choix comme celui de fumer ou pas, comme celui de faire de l'exercice ou pas. La seule différence, c'est qu'il n'implique pas sa propre santé mais celle d'un autre être qui devrait être notre priorité. Ne pas faire ce choix, c'est une option. Mais il faut prendre la décision en connaissance de cause et en assumer pleinement la responsabilité.
Ça ne sert à rien de cacher certaines réalités aux futures mères. les six premières semaines d'allaitement, ce n'est pas toujours facile. En fait, quand c'est facile, ça constitue une exception. Mais au-delà de cette période d'apprentissage, et mieux encore après trois mois, c'est vraiment la solution de la liberté. Et c'est ça qu'il faut dire aux mamans. Si on leur présente toujours l'image de la mère allaitante en plein nirvana, elles vont se sentir incompétentes si tout ne va pas à la perfection, et ce sera un argument de plus pour abandonner l'allaitement:"on dit que c'est naturel, et pourtant je ne suis pas capable! J'ai mal aux seins, le bébé boit constamment, je suis fatiguée tout le temps...aussi bien abandonner!" "
Je n'ai pas abandonné et je prévois continuer encore un bon petit bout de temps. Aussitôt longtemps que Laszlo voudra bien. Mais si je me fie à mes débuts, j'aurais aimé que quelqu'un me dise les vraies affaires. Que quelqu'un me tienne ce genre de discours...