Cette semaine, le 16 pour être précise, ce sera l'anniversaire de décès de mon amie Stéphanie. Déjà deux ans qu'elle nous a quittés de manière pécipitée, sans même avoir vraiment eu la chance de pouvoir vivre ses derniers mois à fond puisqu'elle avait la certitude qu'elle s'en sortirait. Comme moi d'ailleurs. La chute n'en fut alors que plus pénible.
Comment accepter la mort alors qu'on est si jeune, si habituellement plein de force, de vitalité?
Il a bien fallu le faire puisque c'était comme ça. J'ai souvent parlé d'elle ici parce qu'elle me manque. Ici et ici encore.
Et, je ne pourrais passer sous silence son départ encore cette année.
J'hésite alors à raconter ce que fut nos derniers moments ensemble alors qu'elle n'était plus que l'ombre de soi-même dans un lit impersonnel dans un hôpital quelconque ou alors raconter certaines de nos péripéties. Celles dont je me rappelle et qui me mettent de bonne humeur. Celles qui font me rappeler pourquoi cette fille-là est devenue instantanément mon amie et pourquoi, elle était si aimée partout où elle laissait sa trace.
Et pourquoi pas un mijoté des deux? Les bons moments car ILS valent la peine.
Part 1: Lit d'hôpital
Je crois qu'elle dort. Sa mère m'a avertie qu'elle était très sonnée par la médication mais qu'elle était consciente. J'entre et je la vois. C'est un peu difficile de la voir ainsi. C'est comme si une éclipse était passée devant un soleil. Son visage n'est pas attaqué par la maladie. Elle est maigre, oui très maigre mais son visage est demeuré beau.
Elle me voit.
Je retiens mes larmes car dans ma tête roule la même phrase: c'est la dernière fois que je la vois; c'est ma dernière fois.
Elle ne voulait pas voir personne. À la fin, elle s'est ravisée. Pas pour elle je crois mais pour nous car elle m'a demandée si ça m'aiderait pour faire mon deuil de pouvoir la voir. À la fin encore, elle pensait à nous au lieu de penser à elle. Elle ne voulait pas que nous la voyions comme ça. Elle n'avait pas eu le temps vraiment d'accepter ce qui se produisait et je crois, faisait contre mauvaise fortune, bon coeur.
Je lui ai pris la main. J'aurais voulu serrer si fort, comme si j'avais pu la saisir et la ramener de ce côté-ci de la vie.
Elle m'a demandé: Comment ça va être?
Je lui ai dit de ne pas s'en faire que ce serait beau. Qu'elle ne serait pas seule lorsque viendrait le moment.
Elle avait l'habitude de m'appeler "son amie spirituelle."
Comme si je savais alors que la seule chose que je sais est que je ne sais rien. Finalement.
Elle m'a regardée de ses grands yeux encore plein d'expression et elle m'a dit qu'elle avait peur.
Je lui ai répondu de ne pas.
Ses yeux fermaient pendant de longues minutes. Silence.
Encore silence.
Et elle les ouvraient de nouveau avec tant de fatigue.
Je lui ai dit: si c'est possible de l'autre côté, envoie-moi un message quand tu pourras. Je lui ai dit de faire ce qu'elle voulait mais de ne jamais briser une bouteille de vin lors d'un quelconque message d'outre-tombe.
Son visage s'est éclairé et elle a sourit. Elle a dit: Tu es conne!
Et elle a dit:il faut faire nos adieux maintenant. Je lui ai dit: je vais revenir te voir. Elle a dit: non, on fait celà tout de suite.
Merde comment on fait cela, dire adieu à quelqu'un? Je n'avais alors pas beaucoup d'expérience. C'était deux mois avant le départ de mon père et un an avant celui de mon fils. Ensuite, faut croire qu'on y trouve quelques techniques malgré le choc de la chose.
J'ai alors serré sa main encore plus fort et je lui ai dit que ce fut un honneur d'avoir pu faire un bout de chemin avec elle. Qu'elle devait m'attendre de l'autre côté. Je l'ai fait encore rire.
Et je suis sortie.
Elle s'est endormie avec un sourire sur le visage.
J'avais ouvert la machine des conneries que je pouvais dire à la seconde. Pour essayer de la faire rire. Pour lui rappeler que tout ne devait pas se terminer dans le gris-noir. Je lui ai dit qu'elle s'en allait rejoindre les membres de la navette Columbia. Mais ça, ce sera pour le Part two de cette histoire.
Je pense souvent à elle. Et c'est tout le temps magique et nostalgique.
Elle était un sacré bout de femme! Et je sais qu'elle m'attend de l'autre côté. Bah, pas juste moi quand même mais tous ceux qu'elle a aimé et qui l'ont aimé.
Presque tout le monde quoi!