En cette fin d'année, il y a des bons coups et des mauvais coups. Il y a eu de grands bonheurs et des passables. Mais il y a toujours eu l'espoir.
J'ai eu une missive d'une de mes amies qui m'apprenait que dans le rang voisin du sien, un père de famille avait décidé d'aller manger les pissenlits par la racine à quelques jours de Noël. Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin d'en parler ici, peut-être parce que ça me révolte. Il serait plus facile de parler des rigodons, du mononc aux longues mains et tralala mais en même temps, le suicide fait parti de notre société et le taire serait encore une fois cacher un tabou.
Cet homme qui a choisi le chemin le plus noir, laisse derrière lui 5 jeunes enfants. Pas des adultes, des petits enfants qui ne comprendront pas. Imaginons la culpabilité d'un adulte mature; imaginons celle d'un enfant qui n'a pas la cognition nécessaire pour saisir toutes les nuances.
Parler du suicide est aisé pour moi. Je ne l'ai jamais connu de près mais j'ai travaillé assez longtemps avec des suicidaires pour en comprendre la dynamique. Souvent des manipulateurs, parfois de vrais loques qui n'étaient qu'à un ou deux mm de commettre l'irréparable.
S'il y a quelqu'un qui peut comprendre le mal de vivre, le manque de joie, la noirceur de l'âme, c'est bien moi. La Taverne n'a pas toujours été illuminée de mille feux étincelants.
Pourtant, lorsque je reviens à l'histoire de notre bougre désespéré, je me demande comment on peut partir ainsi en laissant derrière soi, 5 paires de petits yeux affolés. Quel héritage laissons-nous alors à ces âmes en devenir? Que lorsque c'est difficile, on tire la plug? Comme ça, sans autre solution?
Un parent est supposé être un héros, un chêne, un roc pour sa progéniture. Souffrir à un tel point qu'il ne reste plus qu'une seule solution, je ne peux la piger. Je ne veux pas juger ici, je ne veux que comprendre. Et il est important pour moi de préciser que si certaines personnes me lisant on vécu ce drame, je leur offre toutes mes sincères sympathies et leur offre une tournée générale pour évacuer le désarroi.
On perd un être cher d'une maladie, d'un accident, on finit par comprendre qu'on ne pouvait rien y faire. On perd quelqu'un parce qu'il avait mal; toute sa vie on se demande pourquoi on n'a rien vu, ce qu'on aurait pu faire, et ma réflexion va comme suit: comme enfant, on se demande pourquoi on ne comptait pas assez pour que notre parent reste avec nous.
Mais quel héritage funeste.
Oui c'est triste. Mais quelque part, il y a un paquets de jeunes qui se mangeront les mains jusqu'aux coudes et qui pousseront tout croches car on leur a enlevé leur tuteur. Qui suivront plus tard, thérapie sur thérapie et qui auront de la difficulté à assimiler le fait qu'il n'y a rien à comprendre et que ce choix ne leur appartient pas, autant qu'ils ne sont pas tributaires de celui-ci.
Il est temps de réaliser que de s'ouvrir à autrui c'est parfois aller plus loin que le simple bonjour, comment vas-tu? Sans vraiment écouter la réponse du coeur.
Et si cette année vous pouviez sauver une vie, en oubliant le tabou de la mort et en demandant tout simplement à une personne qui vous semble désespérée, penses-tu à te suicider? Quand et comment?
Cette simple phrase pourrait ouvrir une porte qui elle, permettrait de ne pas déchirer une famille, un mariage, une relation importante.
Pour cette nouvelle année, je souhaite la vie à tout le monde. La rédemption pour les déchirés, la continuation pour les optimistes, la lumière pour les pessimistes.
La vie est extraordinaire.
Elle vaut la peine.
Ne demeurez pas seuls avec votre noirceur.