lundi 20 juillet 2009

Et dire que...


Il y a trois ans, alors que je vivais ceci j'étais la fille la plus terrifiée sur terre. Se décider à fonder une famille à presque 40 ans, c'est toute une aventure.

J'avais donc eu le temps de voir, autour de moi, toute une panoplie d'amis, de connaissances, de pas-si-amis-que-ça fonder des familles avant moi. Et je dois humblement avouer que j'avais la jugeotte facile.

Celle-ci qui n'avait (soi-disant) jamais le temps de récurer chaudron et spatule parce que le petit était trop demandant...Pfff!

Celle-ci qui (selon moi) bichonnait trop son enfant au point où je trouvais la situation d'un ridicule...(On peut-ti ouvrir une autre bouteille au lieu de jouer à faisons faire le tour des bras de tout le monde à bébé...)

Celle-là qui allaitait aux deux heures la nuit, que je voyais cernée jusqu'au menton et où la seule question qui pouvait me passer par la tête, était, c'est une secte ou quoi?

Oui, je l'avais très facile la jugeotte. Je les regardais du haut de mon perchoir en me disant, ben voyons, MOI, ce ne sera pas comme ça!

Bien aujourd'hui, je rougis en l'admettant mais je dois le faire: OUI je suis comme ça! Et certainement peut-être pire.

Une autre leçon de la vie.

Je ris comme une mouette devant ce perchoir qui a dégringolé.

************************

Lorsque mon fils est décédé, j'ai longtemps cru que plus jamais il n'y aurait de soleil dans ma vie devenue si sombre. Je vivais avec un trou en permanence dans le chest; comme si j'avais servie de cible aux militaires, testant une nouvelle arme de destruction massive. Je me traînais les bottines, avec une impression d'avoir les lacets attachés ensemble.

Et puis, Seconde Chance s'est produite. Avec toutes les peurs, les angoisses, les nuits d'insomnie que cette nouvelle aventure comportait. Mais cette fois-ci, exit les peurs existentielles que ce petit être allait (peut-être) tout bousiller mon existence si bien orchestrée. Les peurs, elles étaient plutôt reliées au fait que ce petit être, ne pourrait peut-être pas, encore une fois, venir changer ma vie. J'étais passé de bousiller à changer. Tout était différent.


************************

Alors aujourd'hui, lorsque je songe à ces gens qui se demandent pourquoi les nouveaux parents ne font que parler de leurs bébés, je comprends.

Il ne peut en être autrement.

Je vis la plus belle relation amoureuse de ma vie. L'amour ne se divise pas; il se multiplie. Contrairement aux bouteilles de Macallan et aux bouteilles de Tignanello, on ne peut voir le fond de l'amour que l'on porte à sa progéniture.

J'aimerais tellement pouvoir dire aux mamans en deuil qu'un jour la musique va rejouer, que chaque enjambée va sembler moins lourde et que même si on n'oublie jamais, l'aube d'une nouvelle vie se dessine et permet d'être à nouveau, si heureux.

Oui, vraiment heureux...

Et aux autres, je demande de l'indulgence. Le cerveau d'une maman baigne complètement dans l'ocytocine, l'hormone de l'amour. Vous ne vous rappelez pas combien vous aviez l'air niais lors de votre dernier début de romance? C'est la même chose en cent fois bonifiée.

Et dire que j'aurais pu passer à côté!

11 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai les yeux plein d'eau! Beau témoignage!

Anonyme a dit…

Très beau témoignage d'une superbe maman. Votre fils est tellement mignon. Vous m'avez replongé une vingtaine d'années en arrière. Beaucoup d'émotions en lisant votre billet ce matin!

Anonyme a dit…

Très bien écrit, comme à ton habitude :)

Je suis un peu sous le choc de voir ton âge, je t'avoue que je te croyais beaucoup plus jeune (lire ici: si je pouvais te ressembler dans 15 ans, je serais très heureuse!).

À l'inverse de toi, j'ai eu mon bébé assez jeune, avant tout le monde autour de moi. J'ai eu droit, lors de l'annonce de ma grossesse et encore maintenant, à des "c't'un accident?" sur un ton compatissant, alors qu'au contraire, ce bébé était voulu, désiré, planifié, attendu impatiemment depuis un moment déjà!!

Et, bien sûr, j'ai à vivre avec les commentaires et les sous-entendus de mes amis sans enfants qui ont la chance de posséder le savoir absolu sur LA méthode pour élever un enfant à la perfection. Parfois ça m'amuse, parfois ça me tape royalement sur les nerfs...

Alors je te remercie pour ton témoignage, car tu viens de me prouver que dans quelques années, lorsque mes amis seront à leur tour parent, ils se désoleront d'avoir agit de la sorte et comprendront que seuls ceux qui n'ont pas d'enfants pensent que c'est facile d'être parent!

Merci du fond du coeur, tu viens de m'éviter de me brouiller avec certaines amies :)

Sur ce, j'entends des "mamannnnnn" provenant de la chambre de fiston, signe qu'il est (enfin) réveillé!!

De Succulents Défis a dit…

C'est vraiment touchant ce que tu as écrit!!

Nanou La Terre a dit…

Excellent billet...

Vive les leçon de vie! Ma mère me disait toujours: "Crache pas en l'air, çà va te retomber dessus." Bon sens qu'elle avait raison.
C'est bien émouvant de vous entendre raconter votre si vive douleur de ce deuil. Et vous avez raison pour le reste, çà donne espoir...
Je vis un deuil, un deuil perpétuel, différent du vôtre et douloureux d'une autre façon...celui d'être la maman d'un beau jeune homme qui s'enligne pas bien dans la vie, qui est différent des autres dans sa façon d'agir et de raisonner.C'est une lutte de tous les jours pour me garder en bonheur, mais j'y arrive, la plupart du temps.

Bonne journée!

La Souimi a dit…

Oui, c'est vrai. Puis ça ne diminue même pas avec les années.

Jean-François a dit…

Très beau texte... et ça me fait repenser un peu à l'enfant que mon fils avait perdu en décembre 2004... aujourd'hui, je suis grand-père de deux beaux petits-enfants : Noémie (3 ans) et Zachary (1 an)... comme quoi la vie poursuit son petit bonhomme de chemin, n'est-ce pas ?

:-)

Chantal comme dauphine la fée clochette a dit…

N,oublie jamais mon coeur que ton amie à fat le chemin de te suivre parfois dans le silence et parfois en pleur à tes cotées jamis je ne pourrais oublier tes peines et tes joies j'ai eu mes calvairs aussi tout comme toi no par un deuil périnatal que personne ne souhaite à personne chérie.

Mes calvaires infligée à moi même femme mon fils ne subira point . Ton petit un jour te fera aussi grand-mère en la mère que tu es ce qui viendra d,avantage te combler de bonheur encore et encore.

Pour toute celle qui savent te lire et te comprendre n'oublie jamais tes vrai amies .

Chatouille ta vie et le bonheur reviendra blessé par un pèr et une mère en mes parent depuis mon enfance j,ai dénoncée pour que jamais personne ne subisse comme j'ai vécue mon drame à l'age de 13 ans d'un père qui ne fera plus jamis ce qu'il ma fait et pour ce qu'il à fait aussi à une amie ce jour la .

Maintenant tu sais qui je suis une amie courageuse et extrodinaire et la protectrice de bien d'atre femmes et de leurs enfants rien avoir mon coeur avec le bon Dieu car je te les déja dit chacun ces croyance en respect .

Voilà pourqoui j'ai du respect pour toi mais je n'ai jamais oubliger personne à m'aimer j'espère ta compréhension en ce point car ce fut merveilleux de t'accompagner en amie dans ta grossesse de ton deuxième bébé car je n'était pas la pour le premier .

mais j'ai su voir la femme que tu es et j,avais du respect et de l'admiration sincère .

Apprendre à aimer son enfant et s'aimer soi-même la pretée de l'amour sans critique car personne n'est parfait sur terre .

Même en vacance j'ai prise le temps ce matin de venir vous dires combien ton petit me comble de bonheur et surtout de vous voir heuruex même si la blessure du passé par le deuil du premier reste marquer prodément en nous tous et surtout pour toi maman l'aubergiste.

Que d'amour et de respect Chatouille. Bonne journée avec bébé à toi .

Mounette a dit…

le gouvernement devrait t'embaucher pour des campagnes de natalité, tu donnes le goût à tout le monde!

zach20 a dit…

Que dire de plus Karina,

Comme d'habitude tu es venue me chercher par tes écrits et je suis touchée par ce petit paragraphe :

"J'aimerais tellement pouvoir dire aux mamans en deuil qu'un jour la musique va rejouer, que chaque enjambée va sembler moins lourde et que même si on n'oublie jamais, l'aube d'une nouvelle vie se dessine et permet d'être à nouveau, si heureux.
Oui, vraiment heureux..."

Rempli ton coeur de cette amour tant attendu... vous le méritez tellement !

Elaine

Christine (Maman Chouette) a dit…

Quel beau post ! Je viens tout juste de le lire. Tu écris très bien. Vraiment !