De retour dans notre chambre, étant donné mon manque de mobilité dû à la chirugie, Papa poule se sent investi d'une divine mission: s'occuper convenablement de son fiston.
Jusque là, tout se déroule normalement. C'était sans connaître le petit côté psychotique de Papa poule concernant le danger. Maintenant, il est exacerbé de manière exponentielle.
La première journée, il s'est fait montrer comment changer une couche, donner un bain, laver des minis cheveux, emmailloter jr.
Il prend tout ça très à coeur. L'emmaillotage, il réessaie encore et encore, car les premières fois, aussitôt terminé, les bras de bébé sortent de partout aussitôt déposé dans son lit. Mais il ne se laisse pas vaincre. Tant que son fils ne ressemble pas à une chenille dans un cocron, il persévère. Il est maintenant le roi de l'emmaillotage. Laszlo a l'air d'un Q-Tip à longueur de journée mais Papa a réussi.
Lorsqu'il change sa couche, il met un temps fou à appliquer la petite crème tel qu'on lui a montré. Et il fait une fabulation sur les testicules de fiston en se rappelant que lui, lorsqu'il était jeune, on lui faisait souvent mal. Sauf que tout est tellement long que fiston a presque le temps de prendre l'hypothermie avant qu'il ne termine. Mais sa conscience à bien effectuer le travail est émouvante et je le laisse faire.
La seule fois où Papa poule nous a quittés pour aller chercher des trucs à la maison, il revient avec quelques vivres pour nous permettre de manger un peu plus que ce qui se trouve sous le couvert en plastique des plateaux d'hôpital.
Son retour coïncide avec l'arrivée de l'infirmière qui s'apperçoit que Laszlo fait un pic de fièvre. Papa devient tout désemparé. Encore plus lorsque les gentilles infirmières partent avec SON fils pour lui mettre un cathéter dans sa main. Je le vois pleurer par en-dedans.
À son retour, il se rend compte que les branches du cathéter dépassent. Je lis la panique dans ses yeux. "Il va se crever un oeil avec ça! Avoir attendu tout ce temps pour avoir un borgne, pas question!" Le voilà donc en train de lui confectionner aux 5 minutes une petite moumoute avec une débarbouilette pour éviter tout accident fâcheux. Bébé n'est pas d'accord et avec tous ses mouvements désordonnés réussit à se la décrocher en tout temps. D'où la reconfection aux 5 minutes...Rien ne vaincra la patience de Papa poule.
L'aubergiste de son lit de fer rétro, (celui avec une poignée au bout du lit pour lever ou abaisser) surveille les scènes avec un sourire aux lèvres et une larme à l'oeil.
Pragmatique et organisée, elle lance à Papa en pensant aux victuailles: "Tu devrais mettre le stock entre les deux fenêtres. Comme ça, ça va le réfrigérer!"
PP: Quoi?A: Je te dis de lever la fenêtre de dehors et de le mettre entre les deux fenêtres.
PP tout en angoisse: Ben non ça va faire un courant d'air!
A: Pas si tu fermes la fenêtre du devant.
PP: Es-tu malade? Il n'en est pas question!
A: Je ne comprends pas. Cé quoi le problème on ne perdra pas la bouffe.
PP:???
PP: Ah, je pensais que tu voulais que je mette le bébé entre les deux fenêtres pour le réfrigérer et faire descendre sa température.
A: ?!!!
A: Chéri, tu es vraiment un gars brillant mais je me demande parfois comment tu peux faire des suppositions aussi imbéciles.
Papa poule essayant de reprendre contenance: "J'avais mal compris. Je l'aime tellement, je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose!"
Oui, ça on s'en serait douté à le voir protéger son oeuf avec encore plus de précaution qu'un Manchot empereur...